Après deux longues années de travaux, le trolleybus débarque à Nancy, et la métropole semble enfin débarrassée de ses allures de grand chantier qui l’ont balafrée pendant cette période.

Mais les sacrifices consentis semblent avoir portés leurs fruits : le centre-ville respire avec ses nouveaux espaces piétons et la végétalisation qu’ils ont permise ; et les « baleines bleues » qui ont remplacé les vieillissantes « chenilles à pneus » desservent désormais sans détours ni déviations, majoritairement sur site propre, trois pôles d’échanges majeurs de la métropole (Vandœuvre Vélodrome, Nancy Gare, Nancy Charles III), le CHRU de Brabois, 5 campus universitaires (Brabois Santé, Brabois Ingénieurs, Faculté des Sciences et Technologies, ARTEM, ENSGSI-ENSAN), et 2 parkings relais P+R (CHRU Brabois et Essey Mouzimpré).

Celleux qui me connaissent savent ma passion pour les transports en commun et les trains, et mon engagement bénévole sur les projets Wikimédia. Alors voilà l’occasion rêvée de partir en expédition photo !

Je suis arrivé à Nancy pour mes études peu avant la mort annoncée de la chenille à pneus, ce bon vieux Bombardier TVR au passé sulfureux (si vous passez à Nancy, parlez-en à un·e habitant·e : réactions passionnées garanties !).

Un trolleybus gris et blanc, guidé avec un rail au milieu de la chaussée. Ses deux rétroviseurs lui donnent un air de chenille métallique.
La « chenille à pneus » si chère (ou si détestée) des Nancéien·nes.
Chabe01, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

J’ai donc connu son dernier jour de circulation, puis l’arrivée des lignes de remplacement A et B. Un trajet Gare—Faculté est alors passé de 15 minutes à près de 25, avec moult détours et des arrêts temporaires peu pratiques, ainsi que des bus régulièrement remplis au maximum de leur capacité.

Mois après mois, les distributeurs de billets étaient retirés, puis les abribus démolis, puis les rails de guidage arrachés du sol, l’enrobage rompu et extirpé par blocs entiers, les lignes aériennes déposées au sol. Enfin, après la démolition vint la reconstruction : un nouvel enrobage, un nouveau mobilier urbain, de nouveaux espaces verts (et oui !), de nouvelles lignes aériennes.

Une petite pelleteuse se tient au milieu d'une zone de gravats. La zone est ceinte par des barrières métalliques. Au loin, il y a un U Express et des bâtiments.
L’arrêt Callot de la ligne Tempo 1 (TVR Bombardier) est démoli en janvier 2024.
Poslovitch, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Puis les trolleybus sont apparus. D’abord pour quelques tests. Puis pour former les nouveaux conducteurs et les nouvelles conductrices. Puis pour tourner à blanc pendant près d’un mois.

Ouh ! Quelle frustration de voir passer ces véhicules flambant neufs sans pouvoir monter dedans !

Un trolleybus bleu et blanc est sur une voie dédiée avec un enrobé clair. Il est entouré de personnes en gilets de visibilité jaunes et oranges.
Le trolleybus en essai à l’arrêt Vélodrome-Callot en octobre 2024.
Le traminot nancéien, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Mais le jour est enfin arrivé : le 5 avril, l’inauguration officielle, à laquelle je n’ai pas assisté, appelé par d’autres devoirs.

Nous voilà donc arrivés aujourd’hui : le lundi 7 avril. Une journée ensoleillée mais une matinée un peu fraîche, le tout en période de vacances scolaires : franchement, une journée idéale pour tester le trolley et partir en « reportage » pour Wikipédia.

C’est donc armé de mon fidèle ordiphone que j’ai pris la nouvelle ligne Tempo 1 dans les deux sens, de terminus à terminus, pour m’approprier un peu ce nouveau véhicule, et pour prendre quelques photos.

À bord du nouveau trolley#

Une fois à bord et installé, deux choses surprennent.

Tout d’abord, avec ses dimensions similaires au TVR Bombardier, le Hess Lightram 25 DC réussit à offrir des places assises confortables, en plus grand nombre que son prédécesseur sur la même ligne, tout en offrant un espace plus large pour passer entre les sièges. Dans mon cas, avec ma forte carrure, cela signifie que je ne suis plus contraint à me déplacer « en crabe » pour passer !

La deuxième chose qui surprend est la luminosité. Bien entendu, avec le soleil radieux de la matinée, soulever un tel point semble absurde. Cependant, si les vitres y contribuent pour beaucoup, Hess a fait preuve d’un peu d’ingéniosité en rendant les accordéons translucides : ainsi, c’est le véhicule dans toute sa longueur qui laisse entrer la lumière.

Photo de l’intérieur d’un trolleybus, avec des places assises en textile bleu et le reste dans des teintes grises et blanches. Des grandes vitres laissent entrer la lumière. L’accordéon entre les deux voitures laisse passer un peu de lumière extérieure.
L’intérieur du trolleybus, depuis l’accordéon à l’arrière.
Poslovitch, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Notons également la large baie vitrée toute à l’arrière du trolley : un espace gagné par l’absence d’un moteur diesel (puisque ce trolley est entièrement électrique) et bien plus optimisé que l’étrange banquette qui occupait l’arrière du TVR.

L’avant du véhicule est dédié à l’accueil des personnes à mobilité réduite et des chaisard·es (belgicisme qui désigne les personnes en fauteuil roulant, voir sur le Wiktionnaire) : chaque trolley peut donc accueillir en toute sécurité deux fauteuils roulants. Cependant, le déploiement d’une rampe reste nécessaire malgré la mise à niveau de tous les arrêts de la ligne Tempo 1.

Photo de l’intérieur d’un trolleybus, où l’on voit deux places symbolisées pour des fauteuils roulants, avec dossier et ceinture de sécurité.
Aménagement intérieur à l’avant du trolleybus.
Poslovitch, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Une dernière chose, qui ne peut qu’être difficilement photographiée : les annonces sonores des arrêts sont précédées d’une courte mélodie, qui change à chaque arrêt. Si l’idée peut sembler bonne au premier abord (la mélodie de la SNCF étant un bon exemple d’outil pour capter l’attention des voyageurs avant une annonce), on se rend rapidement compte que ces mélodies sont au nombre de quatre, et qu’elles n’annoncent dès lors pas un arrêt propre à chacune.

Le trolley à ses terminus#

C’est en arrivant au terminus Essey Mouzimpré que je remarque que les portes de l’avant du véhicule portent des stickers qui indiquent justement cet aménagement intérieur dédié aux PMR. En réalité c’est le cas pour trois des quatre portes dédiées aux passagers : numérotées de 2 à 5 en partant de l’avant du véhicule vers l’arrière, la porte 2 est stickée avec une PMR et un fauteuil roulant, la porte 3 avec des poussettes, et la porte 5, toute à l’arrière (là où se trouve la baie vitrée), avec des vélos.

Le trolleybus est garé près de la plateforme de dépose des voyageurs. La plateforme est un large trottoir avec un revêtement en pavés réguliers. De l’autre côté, de jeunes arbres ont été plantés.
Plateforme de dépose des voyageurs au terminus Essey Mouzimpré.
Poslovitch, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

J’ai cependant à déplorer le fait que la plateforme de dépose-voyageurs à Essey Mouzimpré n’est plus protégée des intempéries ou du vent par des abris, ces derniers ayant été détruits par la réfection complète de ce terminus.

Ladite réfection a également détruit un chemin permettant aux passagers de se rendre plus directement au quai d’embarquement du terminus ou au P+R plutôt qu’en faisant un petit crochet près de l’arrêt Mouzimpré de la ligne Tempo 3. La conséquence a été immédiatement constatable : les piétons traversent la zone de giration des trolleys pour faire au plus direct.

Après avoir pris quelques vidéos, retour à bord, cette fois-ci pour emprunter la ligne jusqu’à son autre terminus : Vandœuvre Brabois Hôpitaux (ex-Vandœuvre CHU Brabois), à ne pas confondre avec Brabois Santé !

Là encore, le trajet est confortable, et le trolley se révèle plutôt bien amorti. De même, les emperchages et déperchages successifs (le trolley circule sur batterie de Division de Fer à Mon Désert — Thermal, puis de Jean Jaurès à Montet-Octroi) sont bien plus rapides que les droppages et dédroppages du rail de guidage du TVR.

La montée de l’avenue Jean-Jaurès, à l’arrière et en regardant par la baie vitrée, offre quelques petites sensations, je dois bien l’admettre, et nous arrivons très rapidement au CHU Brabois, après avoir passé Le Reclus, Saint-André — Jardin Botanique (ex-Clinique Saint-André), Notre-Dame-des-Pauvres (ex-Doyen Roubault, toujours uniquement dans le sens Essey — Vandœuvre), Parc de Brabois (ex-Faisanderie) et Technopôle (ex-Forêt de Haye).

Au terminus Vandœuvre Brabois Hôpitaux, non seulement il y a deux quais d’embarquement, mais deux trolleys peuvent se garer au même quai. Voyez par vous-mêmes.

Deux trolleybus sont garés l’un derrière l’autre au même quai. La photo est prise de sorte qu’on les voit tous les deux de l’arrière. Sur la porte arrière du trolley le plus proche, des vélos sont représentés, avec un sticker Accès Vélo.
Deux trolleybus garés sur le quai A du terminus Vandœuvre Brabois Hôpitaux.
Poslovitch, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Enfin, de manière similaire au terminus Essey Mouzimpré, le trolleybus lâche la ligne aérienne au niveau de la boucle qui lui permet de faire demi-tour et de s’engager sur le terminus, avant de se rempercher une fois avoir déposé les voyageurs à quai.

Un trolleybus est garé sur le quai le plus lointain par rapport au lieu de prise de la photo, laissant l'autre quai libre.
Un trolleybus sur le quai B du terminus Vandœuvre Brabois Hôpitaux.
Poslovitch, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

À l’intérieur de la cabine de conduite#

À l’instar du TVR Bombardier, la cabine de conduite est séparée des voyageurs, et accessible par l’extérieur par une porte dédiée.

Il s’avère, en outre, que réaliser une telle « expédition photo » implique de passer plusieurs dizaines de minutes à photographier des trolleys qui arrivent et qui partent, qui manœuvrent. Mais les terminus sont un endroit un peu particulier : les machinistes (celleux qui conduisent les bus et les trolleys) y font généralement une pause, puisque leur véhicule y stationne plusieurs minutes avant de repartir. J’ai donc profité du beau temps pour taper la discute, et un conducteur m’a gracieusement permis de monter à bord de la cabine conducteur pour pouvoir y prendre quelques photos.

Photo d’une cabine de conduite de trolleybus. Il y a, entre autres choses, un volant, des boutons pour l’ouverture des portes, un levier pour gérer l’accélération ou le freinage, et un écran qui donne des informations au conducteur sur les horaires à respecter.
Intérieur de la cabine de conduite.
Poslovitch, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Il y a dans cette cabine tout le nécessaire pour conduire le trolley, bien sûr, mais aussi l’écran du système d’aide à l’exploitation (au-dessus des boutons pour les portes), que je regrette de ne pas avoir pris en photo de plus près ; ainsi que les retours des caméras des différentes portes du trolley.

Photo d’écrans de retour de caméras. Chaque caméra est numérotée Porte 2 à 5, et montre la zone juste derrière la porte, à l’intérieur du trolley.
Écrans de retour des caméras des portes voyageur du trolley.
Poslovitch, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Et c’est à 14h30, après près de quatre heures passées à photographier et prendre en vidéo ces nouveaux trolleys, ces « baleines bleues », que je suis reparti en direction de mon appartement. En trolley, bien sûr !

Toutes les photos en haute résolution#

Dans le cadre de ce billet de blog, j’utilise des versions plus légères des photos.

Mais si vous êtes intéressés, comme moi, par les moindres détails (notamment de la cabine de conduite !), voici la liste des liens vers les photos originales sur Wikimedia Commons, dans l’ordre de leur apparition dans ce billet :

J’en profite au passage pour remercier Chabe01 et Le traminot nancéien pour leurs photos.

Quelques vidéos#

Tout d’abord, alors que je finis ces lignes, je tombe sur un timelapse d’un cabride de la Tempo 1 sur YouTube par Nico 67. Ça dure 6 minutes, et ça fait plaisir à voir, puisqu’il s’agit du tout premier service commercial, le jour de l’inauguration (le monde en centre-ville !!) : https://www.youtube.com/watch?v=hN5M4I713BU.

Ensuite, j’ai mentionné dans ce billet avoir pris des vidéos. Comme c’est bien plus difficile d’intégrer des vidéos dans un billet de blog, j’ai préféré ne vous montrer ici que les photos que j’avais réalisées.

Mais vous pouvez retrouver les vidéos sur Wikimedia Commons :